SENEGAL:
déclaration orale des ONGs lors de la treizième session de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), à Genève (juillet 2015)
Présentée par: Mme Ndéye Maïmouna DIENE, Mme Astou SYLLAH et Mme Amy SAKHO
Madame chair,
Mes collègues et moi, du Sénégal, nous allons présenter cette déclaration et les questions prioritaires abordées dans le Shadow report rédigé par FEMNET Sénégal, Association des Juristes Sénégalaises (AJS), Pesticide Action Network (PAN) Africa, Association des Handicapés Moteurs du Sénégal (AHMS) et en collaboration avec une dizaine d’organisations de la société civile du Sénégal.
Un thème prioritaire a été retenu:
Accès des femmes rurales à la terre
Lors de la treizième session de la convention CEDAW, le Comité a recommandé au Gouvernement sénégalais de veiller à l'application effective des lois qui garantissaient l'égalité des sexes pour permettre l'exercice et la jouissance de ces lois par les femmes. Cependant, les lois et les dispositions modernes (voir article 15 de la constitution Sénégal) n’ont pas changé le statut des femmes rurales face à la tenure foncière.
Bien que l’article 15 la Constitution du Sénégal prévoit un égal accès à la terre, moins de 2% des femmes y accèdent par voie d’achat, moins de 15% par affectation et seulement 25% par héritage. Les femmes rurales représentent 52% de la population sénégalaise et constituent 68% de la force de travail (Diouf, 2009). Les femmes rurales sont également confrontées à un accès et contrôle des moyens de production telles les semences de qualité, les engrais, le matériel de production, le crédit, les ressources en eau etc. Elles n’ont pas de statut de chef de ménage; au niveau des chefs de ménage agricole; seuls 13,4% sont des femmes et elles ont en général des revenus très faibles. Sur 100 femmes qui sont membres des organisations et associations communautaires de base, 27 possèdent individuellement des terres.
Le phénomène d’accaparement des terres par des agrobusiness a des impacts sur les femmes agricultrices qui deviennent de simples ouvrières agricoles. Cette situation rend l’accès des femmes à la terre plus difficile et plus compliqué. L’analphabétisme ne facilite pas le positionnement des femmes dans les organisations de producteurs. En effet, le taux d’analphabétisme reste encore élevé et touche 63% des femmes rurales. Ainsi, dans beaucoup d’organisations de producteurs, les femmes accèdent difficilement aux postes de responsabilité.
L’Etat a l’obligation de prendre des mesures pour une application effective sur l'ensemble du territoire des dispositions législatives et constitutionnelles garantissant l'accès égal des femmes à la propriété foncière en considération de l’article 14 de la convention CEDAW. Il est nécessaire que l’Etat renforce les programmes d’alphabétisation en milieu rurale tout en tenant compte des langues locales pour une plus grande efficacité. Nous recommandons fortement que la réforme du foncier en cours, assure un accès égalitaire à la terre.
Merci de votre amiable attention !!!!!
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